Promenades au parc

Et en avant-première : Information qui n’a rien à voir avec ce billet mais qui a l’impératif d’être communiquée. Après une attente insupportable de 5 mois, les autorités indiennes m’ont enfin accordé le 11 mars une extension de visa à entrées multiples. Les services de l’ambassade de France et l’Ambassadeur lui-même sont intervenus au plus haut niveau pour enfin clore ce dossier. J’attendais ce visa pour rentrer en France. C’était sans compter sur la dissémination du Covid-19 et de ses conséquences qui me clouent au sol. C’est vraiment la faute à « pas-de-chance » ! Nous restons en Inde, jusqu’à nouvel ordre des autorités françaises. Un développement plus détaillé sur la situation réelle en Inde et particulièrement à Chennai, suivra bientôt.

Place maintenant à mon billet « Promenades au parc ».

Il faut être déterminé à y aller, dire adieu à la grasse-matinée ou être prêt à affronter les coups de chaleur du début d’après-midi. Après tout, ça n’est qu’un parc. Pourquoi s’infliger ces contraintes ?

Une fois arrivé, il ne faut pas trop traîner, on ne peut s’asseoir sur les rares bancs placés de loin en loin car ils sont pris d’assaut. Il faut savoir que l’on est surveillé ; intérêt à la bonne conduite. Il ne faut pas faire de bruit, cela effraierait sans doute les oiseaux, réveillerait les chauves-souris endormies, perturberait la quiétude ambiante.

Quelques curiosités nous poussent pourtant à nous y rendre.

Au 1er plan, Bala admirant ce joli petit plan d’eau.

La première curiosité est la vedette du parc. C’est l’un des trois plus vieux banians de l’Inde. Cet arbre a été soigneusement mis en scène et c’est une réussite. Face à un petit plan d’eau circulaire, quatre palmiers ont les racines dans l’eau. Ils forment une petite oasis sous ces tropiques. Ils sont eux-mêmes entourés de lotus rose pâle aux larges feuilles vert tendre, phallus, lorsqu’ils sont encore en gros bouton, dirigés vers le bleu immaculé. L’ensemble est très beau. Le banian, au sud de cette esplanade circulaire, est tentaculaire. On ne sait pas où est le tronc originel tant des branches-racines se sont développées et étendues. Cet ensemble crée un paysage fantastique, rehausse son ancienneté par un portique, sans doute un assemblage, de pierres sculptées (divinités et animaux), référence à la période Chola (env. Xème siècle) devant lequel se trouve un banc de pierre. L’endroit est assez romantique. Le banian est protégé par des clôtures dégradées en raison de « l’avancée » de l’arbre. Il est également étroitement surveillé par des gardes qui se relaient sans relâche.

C’est une partie DU banian et ses ramifications. Où est le tronc originel ?

La deuxième curiosité donne son nom au parc. C’est la Société théosophique (Theosophical Society), fondée le 17 novembre 1875 à New York dont l’Inde est membre de la première heure. Le quartier d’Adyar à Chennai a été désigné pour en être le siège. Le théâtre d’Adyar, situé au cœur du parc, révèle les principes de cette société.

« Il n’y a pas de religion supérieure à la vérité »

Fondateurs de la Société théosophique
  1. Former un noyau de la fraternité universelle de l’humanité, sans distinction de race, credo, sexe, caste ou couleur ;
  2. Encourager l’étude comparée des religions, des philosophies et des sciences ;
  3. Étudier les lois inexpliquées de la nature et les pouvoirs latents dans l’homme, sont ses trois buts.

Adhésion de l’Inde en 1891, de la France en 1899 et de la Bulgarie en 1920.

Ses trois vérités :

  1. « Le principe qui donne la vie habite en nous et hors de nous ; il est immortel et éternellement bienfaisant. Il ne peut être vu ni entendu mais celui qui aspire à le percevoir le perçoit. »
  2. « L’âme de l’homme est immortelle, et son avenir est d’une gloire et d’une splendeur sans limites. »
  3. « Une loi divine de justice absolue, le karma, gouverne le monde, en sorte que chacun est en vérité son propre juge. […]

Piet Mondrian, Vassily Kandinsky, W.B. Yeats, G.W. Russel, Thomas Edison ou Camille Flammarion en ont été d’illustres membres.

Vue d’ensemble du théâtre et réfection du jardin et de la fontaine

Le foyer suranné du théâtre enferme toujours les vestiges de l’époque coloniale avec ses sièges en rotin et ses lustres en bronze de style indo-européen.

La troisième curiosité est la bibliothèque. Au rez-de-chaussée de ce bâtiment, une toute petite salle contient, lorsqu’on a la chance de la visiter, des manuscrits sur feuilles de palmiers, bambous, laques, de textes sacrés très anciens, fondateurs de l’hindouisme. Certains ouvrages sont si petits qu’il faut une loupe pour distinguer la minutie de ses écritures. Ces ouvrages sont écrits en javanais, sanskrit, tibétain, lepcha (dérivé du tibétain) et en birman.

Enfin, la dernière curiosité est le parc lui-même. Que l’on fasse le choix de la visite au pas de course ou préférer n’en voir qu’une partie (8h30-10h00 et 14h00-16h00 sauf week-ends et jours fériés), cet écrin de verdure, cette goulée d’oxygène est un espace de calme et un havre de paix dans la ville. Malheureusement, la tempête de 2016 a fait beaucoup de mal à la végétation, couchant et brisant de nombreuses essences. On y trouve de nombreux banians, des palmeraies, des tecks, des cotonniers sauvages d’Inde, des margousiers (neem trees), des arbres à pluie (rain trees), pour les essences les plus remarquables. Les noix de coco broyées servent d’engrais. Les massifs fleuris sont entretenus. Il y règne une atmosphère de quiétude, on se sent hors de tout, un sentiment de bien-être nous enveloppe. Lors de ma seconde visite, j’étais seul (à la première, j’étais avec Bala). J’ai pris mon temps, je n’étais pas pressé, juste heureux d’être là. Une véritable sensation de lâcher prise m’a envahi, bien-être du moment présent, entouré de tous ces arbres, à l’écoute des oiseaux, admirant stupéfait le repos agité des chauves-souris pendues aux arbres, tête en bas, ou croisant le pas du personnel travaillant ici. Quelques bâtiments jalonnent le parcours, quelques temples semblent délaissés.

Mais il faut regarder l’heure sans cesse et il est temps de partir. Sur le chemin du retour, je propose à Bala de boire une eau de coco mais il aura opté pour une variété que je ne connaissais pas. Les petites noix qui ont l’air sec contiennent une pulpe solide, assez grasse – on en fait de l’huile – blanche, spongieuse, de faible densité et bien évidemment, avec des vertus ayurvédiques incontestables (pour les reins et la prostate …). Nouvelle expérience gustative !

Après quoi, un bon café en terrasse a conclu ce délicieux après-midi.

4 réponses sur “Promenades au parc”

  1. Merci pour cette promenade au parc alors que nous sommes confinés. Un peu de verdure et des espèces exotiques m’ont apaisée. Quoique je ne suis pas trop stressée… Et cette petite noix de coco… j’en veux ! Je vais m’ouvrir une canette de jus de coco pour la peine… on fait comme on peut en ces temps de voyages immobiles. A votre bonne santé. Bises

    1. Il est vrai que terminer l’écriture de ces promenades m’a oxygéné l’esprit en cette période de confinement. Gros bisous

  2. Comme dit fort justement Patricia dans son commentaire : MERCI Christian !
    Voir le vert de « Dame Nature » m’aide à m’oxygéner; Quand je pense vivre aux environs du bois de Vincennes et en avoir l’accès interdit, cause à plus d’1 km, j’en suis bien triste et frustrée…
    Au fait, félicitations pour ton Visa tant appelé « désiré », tu en profiteras dès que possible _voyons le verre à moitié plein_ J’ai hâte de te_vous_ revoir…
    Kissssssssss

    1. Hi Sis’, merci pour ton commentaire. Cela fait plaisir de le trouver de bon matin. Éric vient juste de partir, une nouvelle journée commence. Courage ! Je t’embrasse fort et hâte également de te revoir. Kisses and hugs

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