Hyderabad

హైదరాబాద్ (Haidarābād)

Dans l’État du Telangana, on parle le telougou, une des nombreuses langues officielles de ce pays. Située à une heure de vol au nord de Chennai, Hyderabad, renommée pour les perles de nacre, est la capitale d’un état de plus de 10 millions d’habitants. Les GAFA s’y sont implantés boostant l’économie de la région. Mais c’est aussi la ville où les habitants y sont le plus surveillés avec les 700 000 caméras de vidéosurveillance, soit une caméra pour 15 habitants. Impossible donc d’échapper aux contrôles de police.

Ce séjour de trois jours a été marqué par trois noms, trois rencontres qui font du bien.

Au restaurant iranien « Sodabottleopenerwalla » pour une soirée musique Bollywood avec Ajey !
Moment savoureux !

Ajey est docteur ès langue française, professeur à l’Aga Khan Academy d’Hyderabad et professeur de français à l’Alliance française. Il est de compagnie joyeuse et agréable et s’est proposé de nous accompagner dans la ville furieuse, chaotique, bruyante, embouteillée et polluée. Ce brahmane de 46 ans brave tous les interdits ; il n’est pas marié et ne le sera jamais, il boit de l’alcool, mange de la viande lorsqu’il n’est pas avec sa famille et il vit seul. Le mariage est une obligation en Inde et une nécessité due à sa caste. Ajey a dû affronter ses parents et il a eu le courage de leur annoncer que le mariage lui était impossible. Mais ça n’est pas sans contrepartie puisque sa vie affective et amoureuse se résume à bien peu de chose, nous confie-t-il. Je le rencontrai pour la première fois et le courant a vite été établi entre nous deux. Éric l’avait déjà rencontré lors d’une visite à Hyderabad dans le cadre professionnel. Nous avons passé une très belle journée, très intense.

Charminar est le cœur de la vieille ville. Ce monument de 1591 aux quatre colonnes hautes de 56 mètres célèbre la fin des épidémies et la fondation de la ville. Le bazar règne autour et dans les rues adjacentes. On y vend des bijoux, des breloques, du toc, des tissus, des vêtements et des chaussures. On brode, on tisse, on fourre des matelas. Quelle animation !

Ensuite, direction le palais de Chowmahalla (XVIIIè et XIXè siècles), la résidence de plusieurs nizam (titre nobiliaire) dotée d’un gigantesque durbar hall (salle de réception et de cérémonies) sous les 19 énormes lustres en cristal de Belgique à couper le souffle. Le Salar Jung Museum nous a frustrés car les salles des bronzes de l’Inde du sud étaient fermées au public ce jour-là. Malgré tout, nous avons vu de belles photographies et peintures de ce vizir, le troisième de son nom, ainsi que d’autres splendeurs à l’image de la collection prestigieuse de pommeaux de cannes, de figurines en ivoire sculpté et de miniatures.

Aux confins de la ville, à l’ouest, le fort de Golconde datant du XVIè siècle surplombe la ville. Au-delà de ses 11 km de remparts, il offre une belle vue sur la plaine poussiéreuse du Deccan ainsi que sur les tombeaux, tout proche, de sept des huit souverains Qutb Shahi et de leur famille royale, parmi les 21 tombeaux en granit répartis dans un grand parc tranquille.

Rani in the box !

Rani, un jeune étudiant musulman de l’état du Maharashtra (Mumbai) voisin, nous a abordés lors de nos déambulations au fort. Par simple curiosité, comme peuvent l’être les Indiens. Il venait de passer ses examens en sciences économiques à Hyderabad et il mettait à profit ses quelques heures avant de reprendre son bus pour faire du tourisme. De nature vive et diserte, il affichait une envie pressante d’entrer en communication avec nous. Il aurait pu raconter toute sa vie en un rien de temps. Ses mains s’animaient alors qu’il parlait et ses mots se bousculaient à la sortie de sa bouche comme s’il avait peur de manquer de temps. Le hasard l’a mis de nouveau sur notre chemin sur le site des tombeaux. Il a semblé ravi de nous revoir et a tenu à figer cet instant par un selfie pour garder en mémoire cette rencontre fortuite et agréable et nous l’avons trouvé attendrissant. Nous nous sommes séparés presque à regret.

Ram que l’on traduirait en français par … bélier. Il est forcément robuste malgré sa petite carrure !

Ram, jeune homme frêle de 22 ans, marié et papa d’un bébé de 6 mois, a été notre chauffeur d’auto-rickshaw pendant ces trois jours. Chaque matin, il nous attendait derrière son guidon avec une tenue différente, confortable, simple et propre, chemise en tissu synthétique froissée et pantalon de jogging. J’ai pensé qu’il voulait faire bonne impression. Le hasard fait bien les choses. Il était posté à l’extérieur de notre hôtel, attendant le client. Ajey l’a repéré, sans doute grâce à sa mine charmante. Il a conduit les négociations pour qu’il soit notre chauffeur tant que nous aurions besoin de lui. Et il nous a été « fidèle » pendant ces trois jours qui lui ont rapporté un petit pécule. Bonne aubaine ! Nous ne l’avons pas regretté car il l’a mérité pour avoir travaillé dur avec nos longues journées de visites faites d’attentes interminables pour lui. Il a été attentif, attentionné, prudent, patient, honnête et, c’est vrai, tout-à-fait charmant. Comme beaucoup le font, il conduisait souvent avec une jambe repliée sous l’autre, pieds nus, ses tongs laissées sur le plancher du véhicule. Avant de nous séparer, nous lui avons offert quelques centaines de roupies pour un cadeau à sa toute petite fille. Je crois que cela l’a ému, en tout cas, son attitude nous a touchés. Avant de nous séparer, il nous a serré la main et son beau sourire aux dents écarlates a éclairé son visage.