Toujours plus haut

Chaîne de l’Himalaya, les pics enneigés du Kanchenjunga au loin – Inde
Tenzing Norgay, héros national népalais pour avoir atteint l’Everest (8849 m) le 29 mai 1953

Le Sikkim est un État du nord-est de l’Inde. Gangtok, à l’est, en est la capitale actuelle. En 1641, trois lamas tibétains se retrouvent à Yuksom,  première capitale du royaume, pour couronner le 1er chogyal (roi) de la tribu bhutia. Darjeeling en faisait alors partie. En 1835, les Britanniques forcèrent le chogyal à céder Darjeeling à la Compagnie britannique des Indes orientales pour une rente annuelle de 3000 roupies qui n’a jamais été versée. En 1849, les Britanniques annexent toute la région jusqu’à la plaine du Gange. Et en 1886, ils repoussent l’offensive tibétaine qui échoue à récupérer son territoire. Au tournant du siècle, encouragés par les Britanniques, les Hindous du Népal s’y installent pour former la majorité de la population. En 1975, le chogyal ainsi que son épouse américaine sont déposés et le royaume devient officiellement le 22ème État de la République d’Inde.

Le Sikkim, comme un petit doigt qui s’enfonce mollement dans le Népal, le Bhoutan et le Tibet, entremêle ses origines avec ces trois voisins dont l’histoire est mouvementée, violente et qui possède un potentiel économique non négligeable (route de la soie entre l’Inde et le Tibet, tourisme de haute montagne, industrie du thé). Son sommet le plus haut en Inde est le Kanchenjunga (plusieurs graphies possibles) qui culmine à 8586 mètres ; nous l’avons brièvement aperçu un matin. De par sa situation dans l’Himalaya, le Sikkim bénéficie de plusieurs parcs naturels protégés, offre des paysages spectaculaires, lacs de montagnes, glaciers, prairies alpines couvertes de milliers de variétés de fleurs et une faune sauvage avec les espèces des hautes montagnes : le loup et la panthère des neiges, l’ours noir, des cervidés tels les gorals, les markhors, les sambars et des bovidés à l’instar du grand bharal. On accède aux  monastères bouddhistes par des chemins escarpés à travers les forêts, perchés toujours plus haut.

Un autre visage de l’Inde. Celle des communautés tribales éloignées de l’hindouisme. Même si celui-ci reste la première religion de la région, il semble bel et bien escamoté par le bouddhisme attesté par la présence de nombreux monastères, par les traditions, les langues et la gastronomie, enfin, par les physionomies qui rappellent l’Empire du Milieu ; des yeux très bridés, des pommettes hautes et saillantes, de petits nez, une complexion claire. Un voyage hors de l’espace indien, dans une autre Inde que celle du sud et qui ressemble, à bien s’y tromper, à ses voisins qui l’entourent.

Yuksom, les constructions suivent la montagne et les façades donnent sur le vide !
C’est particulier et assez impressionnant.

Il existe plus de dix communautés tribales mais les principales et les plus représentatives sont les Népalais pour 51% de la population sikkimaise. Viennent ensuite les Bhutia et les Limbu (16%) et enfin, les Lepcha (13%). Ces communautés se mélangent. Les mariages mixtes sont possibles. Kiren, notre guide, un Rai [raï], est marié à une Limbu. Notre chauffeur était d’une autre minorité dont j’ai oublié le nom et tous deux communiquaient en népalais. Kiren nous a permis de visiter des maisons Lepcha et Limbu. Il s’adressait aux habitants comme s’il les connaissait, très naturellement, entrant chez eux comme chez lui. On nous y invitait, sourire aux lèvres, nous saluant tout en continuant ses activités alors que nous observions tout, smartphone à la main afin de photographier ce qui nous semblait extraordinaire.

Notre ami Bijoy a fait partie du voyage. Il vit en Assam (un des États du nord-est appartenant aux « Seven Sisters « . Notre séjour d’une semaine nous aura transportés 5 jours dans le Sikkim, aux pieds des hautes montagnes à près de 1800 mètres d’altitude puis 3 jours à Darjeeling, dans le Bengale-Occidental (capitale d’État : Kolkata/Calcutta), à plus de 2100 mètres, où les théiers à flancs de collines enchantent les paysages. La saison était à la taille de ces petits arbustes odorants. Les branchages laissés au sol le fertiliseront. Depuis le XIXème siècle, ce sont des travailleuses et travailleurs népalais qui arpentent les collines, serpettes en main, tels des caprins équilibristes sur des pentes raides.

Les théiers sont protégés du soleil par les arbres qui donnent du relief aux paysages, les rendant harmonieux. Ils s’étagent alentours en de jolis cercles plats. Nous avons pu admirer des plants vieux de la fin du XIXème siècle. De là à comparer avec nos vignobles, il n’y a qu’un pas. Ne nomme-t-on d’ailleurs pas ces plantations  «domaines» ? Domaines Longview, Temi, Tukvar ou Mayukh.

En chemin. Ces plantations étaient partout autour de nous. Dès le XIXè. siècle, les Britanniques ont fait défricher des hectares de forêts au profit des théiers.

Nous avons visité le domaine Tukvar et il m’a semblé étonnant de voir qu’avec des machines mécaniques anciennes et des installations rudimentaires, voire vétustes, la réputation de ce thé n’est pas à prouver. Le thé de Darjeeling est largement exporté pour ce qui est de la catégorie supérieure dont l’appellation est « Super Fine Tippy Golden Flowery Orange Peako 1st fluch (1ère récolte) – SF TGF OP1». Les peu fortunés n’achèteront que des brisures de feuilles ou de la poudre, résidu récupéré lors du processus de tri, puis mis en sachets (merci Lipton).

Les prix à la vente dans les bonnes maisons de thé de Darjeeling, à l’instar de Mayukh, sont dignes de ceux de Mariage Frères. Mais l’on peut apprécier une dégustation et suivre la préparation du thé par de jeunes expertes dans les règles de l’art. Là encore, j’ai fait la relation avec nos caves viticoles. Ces jeunes femmes vous parlent du thé comme on nous parle du vin. Il existe 4 sortes de thé. Le thé Vert, les feuilles hautes du théier. Ces feuilles n’ont subi aucune oxydation. Le thé Blanc, celui pour lequel on ne cueille que les 4 jeunes pousses du théier, très faiblement oxydé (environ 12%), l’Oolong, thé intermédiaire dont l’oxydation peut atteindre 70%, il peut plaire à tout le monde.  Enfin, le thé Noir dont l’oxydation est complète. Je n’aborde pas ici les thés parfumés ou fumés, il ne s’agit que des thés purs.

Cette destination, c’était exactement ce dont nous avions besoin. Quitter les fortes chaleurs du sud, la moiteur, le trop plein de travail. Nous avions besoin de repos, de découvrir un mode de voyage que nous ne pratiquons habituellement pas, nous qui aimons tant visiter les monuments, les musées, parcourir les villes, arpenter les rues, entrer chez les brocanteurs, les antiquaires, sans faire de véritables pauses et pour finalement rentrer de voyage épuisés de tant de déambulations fiévreuses de peur de manquer quelque chose d’important.

360° sur une petite hauteur à la sortie de Yuksom.

Les paysages de montagnes, la vie tranquille dans les villages, l’accueil absolument hallucinant des homestay  (Bed&Breakfast), conviviaux, familiaux et chaleureux ainsi que la beauté de la nature aux couleurs variées ont eu raison de nous. Mon esprit s’est presque immédiatement apaisé et je me suis dit pour la première fois : « C’est de ça dont j’ai envie, j’en ai besoin ». Le séjour dans le Sikkim nous a envoûtés. Nous avons bénéficié d’un temps merveilleux, avons découvert une cuisine différente, préparée avec les cueillettes des potagers de nos hôtes, du curd, de la crème, du ghee faits « à la maison ». Nous avons tenu dans nos bras le bébé d’une de nos hôtesses occupée à son travail, «Vous faites partie de la famille», nous avait-elle lancé à notre arrivée.

La pâte est faite de farine, de sel de roche de l’Himalaya et d’eau. On farcit de petits cercles de pâte avec ce que l’on aime, hachis de viande, de poulet, oignons, épices, épinards, « sour cream« , coriandre … et on cuit à la vapeur. Ils peuvent être frits. Notre préférence va pour la cuisson vapeur.

Ici, il n’y a pas de comparaison possible avec nos hôtels et palaces prestigieux du Rajasthan ! Une vie simple, montagnarde, sikkimaise, sans fioriture mais bonne. Nous nous sommes sentis observés, détaillés ; nous étions les seuls Occidentaux du moment. Bénéficiant d’un afflux important touristique, celui-ci représentait presque 100% d’Indiens fuyants les fortes chaleurs de la saison à Mumbai, Delhi ou Kolkata.

La vie dans cette région reculée dont les conditions peuvent être difficiles, où les maisons s’étalent à flancs de montagnes, bas dans les vallées, isolées et souvent loin des routes, a-t-elle moins de valeur que notre vie urbaine ? Est-ce moins bien de marcher une heure pour se rendre à l’école quel que soit le temps ? A voir les colonnes de jeunes élèves de tous âges sur les bords des routes, ça n’en avait pas l’air. Est-ce moins bien de devoir gravir de longs escaliers du bas de la vallée pour atteindre la route qui mène au village ? Est-ce moins bien de ne pas avoir l’effervescence de la grande ville mais la tranquillité, la douceur et la beauté autour de soi ? Qu’est-ce que le bonheur ? Où est-il ? En nous ? Autour de nous ? Est-ce qu’on le fabrique ? Dès la tombée du jour, ces montagnes s’illuminaient de milliers de petites étoiles. Un reflet étoilé,  vision inversée du ciel nocturne. Un enchantement. On en devinait la vie rustique. Nous les avons gravis ces escaliers ! Il faut de bonnes jambes et du souffle ! Ces gens sont robustes. Les maisons sont mal isolées. Le chaume des toits a été remplacé par la tôle ondulée, plus bruyante mais plus étanche. Ils subissent le froid de l’hiver alors que la pluie de la mousson et la fonte des neiges au printemps, tant d’eau qui se déverse en torrents, en cascades qui descendent des milliers de mètres, et se fracasse sur les routes, les ponts, gonflant les cours d’eau, arrachant le bitume, rognant des blocs de montagnes et faisant ruisseler la pierraille, bouchant et dévastant les serpents sinueux et étroits sur lesquels nous roulions. Conduire dans ces conditions-là, relève de la grande maîtrise. Il ne faut pas être pressé, il faut rester zen, ne pas avoir peur ni être kamikaze ; avancer lentement, s’arrêter pour laisser le passage, partager en se serrant au plus près du bord, reculer lorsqu’on est dans la montée, éviter les obstacles, les nids de poule, les creux et les bosses, attendre.

Ça manque de sourires messieurs !

Nous étions souvent arrêtés par les travaux de voiries en cours ; pelleteuse, déblayeuse, camions, bennes, hommes et femmes de chantier, têtes baissées sur l’ouvrage remplissant des bassines de terre, de cailloux à déverser dans les camions-bennes, cassant à la massue des blocs de pierres pour les rendre plus petites et transportables ; Cayenne, le bagne. Ces gros engins sur les routes étroites, travaillaient au même rythme lent que le permettait la circulation restée ouverte aux véhicules.

Au loin, le fleuve est la frontière entre le Sikkim à gauche et le Bengale-Occidental à droite
Sur le pont qui relie le Sikkim au Bengale-Occidental

Le Sikkim est un autre pays. Outre le visa en cours, un permis d’accès aux zones restreintes et protégées est requis. Ce permis nous est parvenu un mois après en avoir fait la demande, juste avant notre départ. Y figurent explicitement les lieux que nous allons visiter, tout autre nous est alors interdit. Pas d’alternative. Le guide ne prendra pas le risque de nous emmener sur l’autre versant d’une montagne si l’endroit relève d’un secteur différent. A portée d’yeux, le plus haut Bouddha d’Inde (79 m) juché sur une montagne sur le versant opposé à celui où nous étions, ne nous a pas été possible d’accès. Au poste frontière, après enregistrement et laisser-passer, un tampon d’entrée sur le territoire viendra s’ajouter aux autres dans notre passeport. Même procédure à la sortie. C’est juste incroyable ! Notre passeport porte un tampon du Sikkim ! De notre premier homestay, la police sikkimaise a téléphoné deux fois à notre sujet, Big brother is watching you ! C’est tout de même un peu effrayant. Il faut bien sûr protéger les montagnes, la faune et la flore de l’afflux touristique, mais deux poids, deux mesures, celles-ci ne concernent que les étrangers, les non-Indiens. Tiens donc !

Nous avons parcouru les routes étroites et les chemins en lacets à flanc de montagnes à l’ouest et au sud du Sikkim. Rinchenpong, Yuksom, Tashiding et enfin, Namchi.

Nous avons visité des monastères bouddhistes et une ferme bio fabriquant du vin à partir de fruits : goyaves, bananes, gingembre, pêches, raisin, … pour nos apéritifs en fin de journées. Nous avons fait de la randonnée à la découverte de l’environnement expliqué par Kiren (les plantes essentiellement, l’histoire). Nous avons rencontré des communautés tribales Bhutia, Lepcha et Limbu.

Monastère de Rinchenpong
Ascension à travers la forêt pour l’atteindre

A l’Orchid Villa, nos fenêtres donnaient directement sur le Kanchenjunga toujours plus haut et dans les nuages toujours plus denses. Un matin cependant, nous l’avons aperçu et je me suis empressé de photographier les pics enneigés visibles un court instant, comme une apparition fantomatique, avant de disparaître derrière un voile blanc, gris épais. Quelle émotion !

Tongba, servi dans un gobelet en bois. On verse de l’eau tiède sur le millet, on laisse fermenter plusieurs minutes et on aspire à la paille. c’est vraiment particulier de goût !

Le soir de notre arrivée, on nous a proposé de boire à la paille du tongba, une boisson locale alcoolisée due à la fermentation du millet.  6 à 8° d’alcool. Les Américains diraient, pour quelque chose qu’ils n’aiment pas, «it’s different», et en effet, ça l’est !

Nos petits-déjeuners pris au soleil dans le jardin consistaient en uttapam (sorte de galette dans laquelle sont réunis des ingrédients : oignons, tomates, chili vert, en général) ou poori (pain plat frit) que l’on trempe dans un massala de pois chiches et/ou de pommes de terre, tout en buvant un thé massala. A Yuksom, chez nos jeunes hôtes, nous nous sommes gavés un soir des momos végétariens (crème aigre faite maison, oignons et feuilles de coriandre fraîches) que nous avions confectionnés plus tôt. Nos homestay, havres de paix, étaient des petites fermes familiales éparpillées ; ici les chèvres, là les vaches, un peu plus loin, les potagers et arbres fruitiers, un petit étang regorgeant de poissons et, les racines presque dans l’eau, des plants de cannabis bien cachés … pour les bienfaits thérapeutiques, bien sûr. Le problème de la drogue est présent dans la région, raison pour laquelle des voitures étaient quasiment désossées aux postes frontières.

Monastère de Tashiding
« Om Mani Padme Hum »
Au « Flavours » à Namchi. La patronne nous a accueillis chaleureusement.
Nous étions « ses » premiers Français, pour la citer. Elle a voulu sa photo !

Darjeeling est une ville folle. Étalée sur la montagne à 2100 mètres d’altitude, elle est constamment encombrée, bruyante et polluée. Il fallait compter le temps de déplacements en heures, les voitures (Jeeps essentiellement, combis, SUV) encombrant les routes étroites d’où il n’y avait pas d’échappatoire que de se suivre patiemment. Les chauffeurs, beaucoup se connaissent évidemment dans cette petite ville, travaillent pour une agence ou conduisent des taxis, arrivaient à discuter entre eux par la vitre ouverte de leur portière, à l’arrêt en attendant de pouvoir avancer de quelques mètres. Certains finissaient par craquer et kloxonnaient à tout rompre un instant pour se défouler, en vain. Éric et Bijoy finissaient toujours par s’endormir. Kiren aussi. Santos aux commandes. Moi, aux aguets. J’essayais d’absorber tout ce que je voyais, toujours dans le même état d’esprit fiévreux, insatiable, gourmand, émerveillé, curieux de tant de choses si différentes de « mon monde », frustré de ne pas pouvoir tout appréhender, tout mémoriser, enregistrer pour ne garder en moi que des bribes.

Le Centre de réfugiés tibétains accueille un orphelinat et manufacture des produits de l’art traditionnel
vendus sur place. Visite sous la pluie !

Ateliers de fabrication de tapis tibétains. Les femmes étaient plus jeunes et plus nombreuses. Quel travail !

Les images s’accumulent en strates et les plus anciennes finissent écrasées. Mais je regardais à m’en faire mal aux yeux.  Sur ces accès routiers, pas d’espace pour les piétons.

En gare de Darjeeling à mi-journée
Le wagon que l’on ne prendra pas. Une pièce de musée. Le reflet dans la vitre, c’est moi !

Le train à vapeur touristique (Toy train ou Joy train), affreusement bruyant, sifflant et crachant de la fumée noire, frôlait les pas de portes des habitations et des boutiques. Des gens s’en bouchaient les oreilles.  Heureusement, la rue principale piétonnière est plus calme. Elle débouche sur une grande place terminée par un petit amphithéâtre d’où l’on bute sur la montagne. De beaux petits chevaux bien peignés, franges et crinières bien coupées promenaient des enfants autour de la place sous le regard des parents ravis. Vendeuses d’épis de maïs cuits au feu de bois, vendeurs de pani puri, bazar proposant des vêtements d’hiver et de montagne créaient une atmosphère survoltée. La rue principale était bondée de passants se croisant en tous sens, des enfants partout, des familles nombreuses.

Partout dans la ville, des femmes font cuire des épis de maïs au feu de bois sur de petits braseros improvisés. Une fois cuits, ils sont frottés au citron lime trempé dans du sel et du piment rouge. Les gens en raffolent !

Monastère Yiga Choeling à Ghoom, près de Darjeeling (1850)

Des stands de nourriture émergeaient en fin d’après-midi proposant viandes grillées, nouilles sautées et momos.

14 mai, dernière soirée à Darjeeling. La pause photo est de rigueur devant Glenary’s.

Chez Glenary’s, nous avons fait une pause dégustation de thé et avons mangé des « patties » fourrés. Celui de Bijoy sera végétarien aux piments verts. Ce salon de thé, restaurant et pub est très célèbre de la ville.

Mais notre préféré a été le petit restaurant tibétain, au pied de notre hôtel, où nous avons dégusté, après une attente qui nous a semblé interminable, de savoureuses soupes de nouilles plates «faites maison». La «fièvre acheteuse» qui consume habituellement Éric nous a entraînés chez des brocanteurs, des magasins d’art tibétain sans que nous ayons eu à ouvrir le portefeuille.

Commerçant dans le bazar de Darjeeling
Bazar, secteur des bouchers. Bon, les conditions d’hygiène … Bijoy et Kiren ne se sont pas résolus à y entrer !

La grisaille, la brume dense, la pluie et la fraîcheur du soir ne nous ont pas quittés à Darjeeling. Comme j’en ai été heureux ! Plus les jours passaient, moins on voyait de la hauteur. Levés un matin à 3 heures pour nous rendre au point d’observation de Tiger Hill à 2600 mètres d’altitude pour voir le lever du soleil sur les hauts pics du Kanchenjunga, a été vain. Vers 5 heures du matin, la montagne avait disparu et l’on a vu les nuages monter, l’enveloppant, l’avalant, réduisant à néant l’espoir d’une vision même éphémère de ce patrimoine mondial. Tant pis ! D’autres auront été plus chanceux que nous. Je n’ai aucun regret.

Trois jours passent vite, hélas !  Le 15 mai, nous redescendrons la montagne, nous éloignant un peu plus du Sikkim, «Oh ! Les beaux jours !». Nous aurons un dernier regard attendri sur les plantations de thé qui descendent elles aussi jusqu’à la plaine pour finir à Kurseong. Et là, nous rejoindrons les artères principales, la civilisation (sic) et l’aéroport de Bagdogra d’où nous embarquerons pour Chennai, laissant Bijoy prendre un train pour l’Assam (il restera bloqué plusieurs jours chez sa tante à Guhawati à cause des inondations qui empêchent tous déplacements). Une dernière photo de groupe et tous s’enlacent avant de s’éloigner d’un pas lourd. C’était tellement beau là-haut !

Avant de nous séparer. Snif !