Le retour en France n’est pas celui que l’on prévoit

Je vous dois des excuses et surtout, des explications. A plus d’un titre. Tout d’abord, pour avoir laissé ce blog en l’état, à l’abandon, pourrais-je dire, malgré les notes gaies de notre séjour du mois de juillet 2023 dans le Gujarat, au nord-ouest de l’Inde, pays natal du Mahatmat Ghandi, où foisonnent les savoir-faire artisanaux. Ces vacances annonçaient même celles qui suivraient au mois d’août à Calcutta puis dans les îles Andaman. Une suite qui, de fait, aurait clôturé notre aventure indienne. Je regrette également de vous avoir laissé sans nouvelles, alors que je ne pensais qu’à vous, qu’à mon « bébé », qu’à ce que j’avais créé ces quatre dernières années. Et aujourd’hui, je décide de sortir de mon silence.

Nous avons réintégré notre maison dans le fin fond du Pré-Bocage normand le 1er septembre dernier. Cela fait déjà exactement six mois. Et le temps passe vite. Nous avons été beaucoup occupés à retrouver notre famille – le papa d’Éric va avoir 94 ans et il se porte comme un charme -, revoir des amis, et, dans les grandes excitations du début de la retraite d’Éric, nous sommes beaucoup sortis, comme si l’on voulait rattraper le temps -culturel – qui nous avait tant manqué en Inde ; séjours à Paris, expositions, cinéma et théâtre.

Nous attendions également avec impatience notre déménagement. Nous avions hâte de revoir tous les objets dont nous avions fait l’acquisition, trouver une place dans un nouvel environnement, chez nous. Et puis, la tempête du début du mois de novembre a retardé, d’un jour seulement fort heureusement, l’arrivée des cartons tant attendus. Déballage rapide, frénétiquement. Excitation. Nous voilà maintenant entouré d’une longue période de notre vie à l’étranger avec des objets qui ont une histoire qui nous appartient. J’aime ce sentiment. Cela n’a rien de matérialiste. C’est l’histoire de notre vie.

Un revers de médaille cependant. C’est probablement l’une des causes de ce long silence. Un bouleversement dans notre vie a pris le pas sur un quotidien que l’on voulait, pensait pouvoir organiser à notre guise. A partir du mois d’octobre, des résultats sanguins qui demandent plus d’investigations, taux de P.S.A irrégulier, IRM et scanner montrent que finalement, des biopsies de la prostate s’imposent. Le résultat est sans appel, il y a bien des tumeurs cancéreuses dans les premiers stades de la maladie. Toutes les conditions sont bonnes pour des traitements qui promettent de porter leurs fruits. Il n’y a pas de métastases ni sur les organes, ni sur les os. C’est une excellente nouvelle. Il faut maintenant, et encore dans l’attente qui semble interminable, connaître la décision du collège de médecins pour savoir quel traitement est le mieux adapté. Nous sommes déjà au mois de décembre, le 16 plus précisément. Les préparatifs de Noël s’éloignent, l’envie n’y est pas et les festivités de fin d’année ne réjouissent pas.

Une réponse que l’on n’attend pas. Deux traitements s’offrent à moi. Où plutôt, deux traitements sont possibles dans ce cas de figure. La radiothérapie et/ou la chirurgie. Un deuxième avis de spécialiste confirme cela. Le 16 décembre, Éric et moi, nerveux dans le bureau de consultation de mon urologue-chirurgien, nous attendons d’entendre la décision prise collectivement. Elle est unanime de la part du collège ; ce sera la chirurgie, une prostatectomie radicale. Ablation totale de la prostate. Une sentence que je ressens comme un couperet qui me tranche en deux.

Et à l’heure où j’écris ce message, mon hospitalisation est aujourd’hui avec une intervention demain matin, vendredi 1er mars à la première heure. La colère est passée, la peur et l’angoisse restent encore comme un résidu qui disparaîtra avec le temps.

Éric est là, n’est-ce pas le plus important ?